Rencontre avec Audrey Estrougo

Mardi 8 février 2011. Hôtel de la Cité.

On avait préparé quelques questions pour Leïla Bekhti qui était annoncée mais ne viendra pas. Nous sommes juste quatre devant la toute jeune réalisatrice - 24 ans et deux films à son actif ! - qui nous impressionne par son regard sur le cinéma français, par son goût du travail bien fait, par ses recherches documentaires sur la comédie musicale - un genre qu'elle ne chérissait pas particulièrement à la base - et le monde de la danse. Une perfectionniste qui pense déjà à son prochain long-métrage, un film d'auteur.

 

Audrey Estrougo : “Ce film a deux origines. Il y avait la volonté des producteurs de faire une comédie musicale - le genre est donc une commande - et la mienne de réaliser une œuvre avec un véritable fond. A l’époque j’écrivais d’ailleurs un scénario sur les sans-papiers. J’ai donc mixé les deux “univers”. En me renseignant sur la comédie musicale, j’ai découvert que c’était un genre très exigeant puisqu’il demande aux comédiens d’être pluridisciplinaires mais qu’il pouvait être aussi très engagé... Souvenez-vous de “Cabaret” de Bob Fosse avec Liza Minnelli qui dénonçait la montée du nazisme ! C’est également un genre qui coûte très cher, qui demande beaucoup de travail, qui est “étiqueté” commercial et donc qu’on ne sait pas “vendre” mais qui permet aussi de raconter les choses autrement. Un vrai challenge pour moi !
Je crois que faire un film de société avec de la danse, c’est cohérent. Je me suis beaucoup cultivée sur l’évolution de cet art. J’ai essayé d’inscrire chaque tableau dans les codes de son histoire. A l’écriture du scénario, j’ai tenu à ce que les moments dansés et chantés soit dans la continuité de l’intrigue. Avec les chorégraphes, on s’est adapté aux limites des comédiens. Ils ont appris que chaque pas compte, ils ont réellement pris conscience de leurs corps. Comme je voulais réaliser un film populaire accessible à tous, j’ai repris des chansons connues. Au final je suis fière d’avoir fait ce conte social et musical car j’ai réussi à faire passer mon message sur les sans-papiers sans avoir eu à “baisser mon froc” !”

Ab.

 

Critique de "Toi, moi, les autres"

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